
» On me dit que j’ai une belle voix «
On me contacte souvent pour des conseils et plus souvent encore j’entends « on me dit que j’ai une belle voix et que je devrais essayer de gagner ma vie avec ».
Avoir une belle voix c’est bien, c’est même très bien, mais désolée, avoir une belle voix ne suffit pas. On pourrait même avoir n’importe quelle voix, ce qui compte c’est le talent d’en faire quelque chose de beau ou d’intéressant.
Qu’en est-il de votre prononciation, de votre souffle, de votre inspiration quand vous lisez un texte ?
En effet, la première question à se poser c’est : maitrisez-vous la (les) technique(s) de la voix-off, de la narration, de la comédie ?
Et la technique alors ?
Même si la technique de la Voix-Off a l’air très simple, très facile, elle cache en fait une véritable technicité, du talent et, à force, de l’expérience qui sont autant d’ingrédients essentiels.
Mauvaise nouvelle pour les uns, donc, mais bonne nouvelle pour tous : ce qui touche c’est ce que vous dégagez avec votre voix. C’est une question de technique et de sensibilité. Et çà, çà se travaille. Comme la terre si vous voulez récolter quelque chose…
La technique vous pouvez la travailler de plusieurs façons qui allient le plaisir à l’utile : en priorité, prenez des cours de théâtre : développez votre jeu, votre sensibilité, votre compréhension, votre prestance, votre présence, votre confiance en vous et surtout votre talent à mettre des émotions dans vos mots.
Vous ne manquez pas d’air ? Ca tombe bien !
Le souffle c’est capital. Celui qui part du ventre, qui est pris au bon moment, qui ne s’entend pas trop. Là, ce sont les cours de chant qui vous permettront de découvrir le monde merveilleux de la colonne d’air, véritable colonne vertébrale de votre parole. Et en plus, vous en ressortirez gai comme un pinson et vous aurez appris à « poser » et moduler votre voix, à respirer (le souffle c’est le secret d’une bonne voix), à « porter » votre voix (jusqu’aux oreilles des auditeurs où qu’ils soient), à articuler.
Moi j’ai appris le métier en faisant de la radio : j’étais journaliste, j’ai appris en direct à parler dans un micro, à ne pas m’étouffer sur des phrases trop longues, à me concentrer pour ne pas bafouiller, à ponctuer mes phrases pour faire ressortir les idées et les mots importants. En tant que chroniqueuse et en participant à l’animation des matinales de RFM, j’ai appris à lâcher un ton trop sérieux pour m’ouvrir à plus de fantaisie et de naturel…
La vie est un apprentissage. Tout vous servira.
« Ma petite entreprise »
Dernière chose : si vous voulez faire ce métier pour gagner plein de sous, bonne chance !
C’est un métier qui relève de l’intermittence. Peu d’entre nous travaillent tous les jours. Nous sommes indépendants, c’est à dire tout seuls. Vous serez votre propre petite entreprise. Vous serez seul pour trouver des contrats, démarcher de nouveaux clients, discuter des tarifs et… en plus, rien n’est jamais acquis. Ce sera un travail permanent. Vous travaillerez un jour, vous galèrerez le reste du temps. Il arrivera qu’on ne vous rappelle pas. Que ce soient toujours les autres qui sont choisis en casting et pas vous.
Bâtir un réseau de relations et de clients prend du temps. C’est indispensable. C’est aussi instable, fragile et stressant.
Un jour peut-être, vous serez LA VOIX que tout le monde veut et connaît. Ou pas…
Ne vous faites donc pas trop d’illusions. Ce métier de comédien voix-off, c’est un vrai travail. Il vous remettra en question en permanence. Il ne nourrit vraiment que peu d’élus. Les autres sont vulnérables.
Il faut vraiment avoir quelque chose d’exceptionnel pour durer. Et surtout toujours savoir s’adapter et… bosser !
Donnez le temps… au temps, oui, mais surtout à votre talent !
- Prenez des cours de théâtre, c’est la clé qui ouvre la porte. Vous y apprendrez tout ce qu’il faut savoir sur la voix et sa maîtrise, mais aussi sur tout ce qui vous permettra de trouver du travail grâce aux techniques de jeu que vous aurez apprises.
- Le micro n’est qu’un outil parmi d’autres, ce n’est pas lui qui décide de votre talent qui seul est important.
- Ne vous laissez pas embobiner par les belles promesses des écoles de voix qui vous coûteront souvent plus qu’elles ne vous rapporteront…
- Il y a beaucoup, beaucoup de monde dans ce petit créneau professionnel… la concurrence est féroce, les tarifs tirés vers le bas…
Bref…
…Non, ce n’est pas un métier facile… Alors pourquoi on le fait ? Mais par PASSION bien sûr ! Je ne connais personne dans ce métier qui ai commencé en se disant « je vais me faire une fortune ». Même s’il nous malmène parfois, on l’aime ce bougre de métier !
Alors si vous voulez vraiment y arriver, accordez vous le temps d’apprendre et de vous professionnaliser et si vous aimez ce que vous faites, continuez !
Le Petit +
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Commentaires : 2
Certes, encore faut il que les privilégiés et leurs « amis » laissent de la place aux comédiens et comédiennes qui comme moi seraient ravi qu’on leur offre l’opportunité de ne serait ce que faire un essai.
Nan parce qu’on sait bien comme cela fonctionne 😉
« Nan » ce n’est pas exactement comme çà que çà marche. Les « privilégiés » çà n’existe pas. On peut avoir toutes les meilleures relations possibles, les amis bien placés etc… si on n’est pas bon, çà ne marche pas longtemps ! Simplement il faut se faire une place. Sa place. Ca ne tombe pas tout cuit dans le bec. Ca demande beaucoup de démarchage, de travail et çà prend du temps ! quoi que vous en pensiez. Et si un jour, parce que vous êtes bon, parce que vous êtes agréable et que vous avez quelques autres qualités peut-être, les gens qui ont déjà fait appel à vous vous rappellent, voire passent votre nom à d’autres, comme un bon plan, et bien tant mieux ! C’est que vos efforts étaient les bons. Là, vous avez une chance de rentrer le cercle de ceux qui travaillent beaucoup. Mais attention même là, rien n’est jamais acquis. Exister en tant que voix et durer demande de travailler sans relâche, même pour les plus demandés que vous appelez « privilégiés ». Bon courage à vous, et surtout persévérez. Ne croyez pas que si çà ne marche pas c’est à cause des « autres ». Tout travail finit par payer.