
Voix-Off : Métier fermé ?
Oui, c’est dur de percer. Non ce n’est pas facile. Non, ce métier n’est pas immédiatement accessible en un clic. On ne vous attend pas les bras et les oreilles grands ouverts. Et c’est d’autant plus dur que vous n’êtes pas tout seul à frapper à la porte. Soyez conscient de çà ! Il y en a plein comme vous.
Mais vous savez quoi ? Ce n’est pas nouveau et ce n’est même pas propre au seul métier de voix-off !
Mais réjouissez-vous, çà n’a rien d’irrémédiable !
Comprendre les barrages
Cà peut-être désespérant de lancer des bouteilles à la mer et de n’avoir pas de réponse, de frapper à la porte sans qu’on vous ouvre, d’appeler sans qu’on prenne la peine de vous écouter. Ou tout simplement de buter sur le barrage de la secrétaire qui agit comme si elle était la Gardienne du Temple le plus select du Monde avec la fortune de Fort Nox à l’intérieur… etc. Ridicule, absurde, çà énerve. Mais pas la peine de l’insulter, elle fait juste son boulot. Mais pourquoi au fait ?
Parfois si on ne vous ne vous répond pas, c’est parce que les gens auxquels vous vous adressez sont tout simplement énormément sollicités : ils reçoivent cinquante mille emails par jour, dix mille coups de fil, ils ont énormément de travail et n’ont généralement pas de temps pour juste donner leur avis sur votre voix. Si vous les appelez pour çà, je vous le dit tout de suite, c’est râpé. Ca c’est le travail d’un prof… à la limite.
En revanche, ils seront intéressés par une maquette bien faite. Des emails de temps en temps avec des liens vers deux ou trois nouvelles démos audio, ou vidéo.
Et même s’ils ne répondent pas immédiatement, pour les mêmes raisons déjà citées, cela ne veut pas dire qu’ils ne gardent pas votre démo et qu’ils ne vous appelleront pas un jour. Même parfois un an plus tard.
“C’est un métier de privilégiés”
J’entends souvent, ou je lis, que c’est un métier de privilégiés. Que les seuls qui travaillent ce sont les copains des copains etc… Alors déjà, arrêtez de dire que si vous n’y arrivez pas c’est de la faute des autres. Ca, çà ne marche pas. Ca n’aide pas. Ca ne change rien.
Cela-dit, OUI il y a des Voix que l’on entend partout, tout le temps. Mais, encore une fois, vous qui vous sentez abandonné sur le paillasson du métier, votre situation n’a rien d’exceptionnel ni de définitif.
Le métier est-il fermé ? Non. Mais l’entrée est étroite !
C’est vrai que les clients aiment choisir une voix déjà connue, çà les rassure.
C’est vrai qu’il y a beaucoup de comédiens voix-off et encore plus de candidats voix-off. Mais ça ne veut pas dire qu’il y a des privilégiés qui vous font barrage. Pensez qu’ils ont commencé comme vous. En ramant. Pourquoi y sont-ils arrivé ? Comment ? Combien de temps çà leur a pris ?
S’ils travaillent beaucoup, ce n’est pas parce qu’ils ont beaucoup de copains. En revanche, s’ils ont beaucoup de copains qui leur donnent beaucoup de boulot c’est parce qu’ils sont BONS ! Tout simplement. Si ce n’était pas le cas, on ne les rappellerait pas.
Bon mais alors on fait quoi, me direz-vous ?
On se pose les bonnes et surtout les vraies questions : Demandez-vous quelles sont les particularités de votre voix, de votre style ? Qu’est-ce qui vous distingue ? Comment sortir du lot ? Comment attirer l’attention ? Comment donner envie aux studios de vous inclure dans leur casting ? Qu’est-ce que recherche les agences, les studios, les clients ? Quel genre de voix vous voulez vraiment faire ? Montrez ce don’t vous êtes capable. Et ciblez en conséquence. Soyez lucide, créatif, enthousiaste, optimiste. Travaillez votre com’.
Et surtout travaillez votre technique, car comme je le dis souvent : avoir une belle voix, non, çà ne suffit pas. Et puis, accrochez-vous, persévérez !
Vous le voulez ce métier ou pas ?
LE PETIT +
Le nombre des intermittents continue de progresser
Commentaires : 4
(Je m’excuse d’avance de ma participation un peu osée, après tout, je ne suis qu’un tout petit débutant… )
J’aime beaucoup votre article. Pour répondre à votre dernier paragraphe, je dirai qu’il est souvent très difficile d’avoir une juste opinion de ce qui nous différencie vraiment, de notre style, de ce qui nous distingue; et une fois qu’on le sait (dans mon cas, ce fut en osant démarcher), c’est de l’accepter, de l’assumer. Tout dépend de la motivation et du « pourquoi est-ce que je veux faire ce métier ? »
D’ailleurs, je trouve très intéressante la réponse à cette question : « Pourquoi est-ce que je veux faire ce métier ? » Car au fond, c’est peut-être là que se trouve la clé de notre motivation, de notre persévérance…
Merci pour ce commentaire Mathieu et il n’y a pas de critère de longévité dans ce métier pour participer 😉
Vous avez raison de dire qu’on a souvent du mal à se connaître en tant que voix et trouver ses limites n’est pas toujours simple ni agréable. Mais l’expérience, le temps, fait qu’on se connaît justement de mieux en mieux, qu’on sait quels talents on peut mettre en avant en toute confiance et quels autres on peut améliorer… ou pas.
Et merci aussi pour ce retour à la question : « Pourquoi est-ce que je veux faire ce métier ». Elle est effectivement essentielle et très juste
Bravo Valérie pour ton article plein de bon sens et fidèle à la réalité professionnelle de notre métier. Même si les médias, le cinéma et la publicité sont des industries, ton sujet nous replace dans une dimension avant tout artistique : Pourquoi choisir tel comédien plutôt que tel autre dans un casting voix ?
On peut obtenir les mêmes réponses pour le cirque, le cinéma, la fiction TV, la radio ou la musique…Nous sommes appelés pour ce que nous sommes capables de produire devant un micro. Plaire…Il faut plaire avant tout et…convaincre. Car c’est bien notre personnalité, notre interprétation des textes proposés (le jeu du comédien), le timbre, la maitrise de notre voix, l’aptitude à tenir la distance sur de longs textes, bref un métier exigeant qui s’apprend – et nous surprend aussi – tous les jours…Certains démarrent au conservatoire de théatre, d’autres à la radio ou dans un spectacle de marionnettes…qu’importe…c’est un choix de vie où le travail, la patience, la fidélité et l’enthousiasme priment…mais c’est quand même bien le métier qui vous choisit…pas l’inverse (citation de François Berland).
Et quand le travail est bien fait et que l’annonceur (c’est souvent lui qui choisit votre voix in fine) , le DA, l’agence de pub, le producteur et l’ingénieur du son sont satisfaits….alors oui on peut trinquer avec les copains…puisqu’il faut parler des copains dans cet article 😉
@Matthieu : mettre en avant sa différence est certainement la meilleure voie 😉 afin de ne pas tomber dans le piège, souvent observé, de l’imitation…certains profs de théâtre parlent même de cultiver ses défauts…vaste sujet.
Merci Patrick pour ce complément et cet éclairage. Cultivons nos différences en effet. C’est ce qui nous rend unique et précieux